- Olivier Richard,
animateur-écoles, coordinateur droits de l’enfant à Amnesty International Belgique francophone
Les jeunes exposé·es aux violences sexuelles : constats et pistes de réflexion
Une étude d’Amnesty International Belgique francophone (menée en 2020 en collaboration avec SOS Viol1) montre que la situation est alarmante en Belgique. En effet, près de 50 % des Belges ont été exposé.es à au moins une forme de violence sexuelle, en grande majorité des femmes de moins de 19 ans : soit un mineure sur cinq.
Ces constats sont le reflet d’une société qui reste trop marquée par la culture du viol et qui explique, excuse, encourage même les agressions sexuelles. S’ensuivent à la fois une double peine pour les victimes et un sentiment d’impunité pour les agresseurs. Près d’un jeune sur cinq pense en effet que la victime porte toute ou partie la responsabilité de son agression et plus de 50 % des plaintes sont classées sans suite.
À cet égard, l’entourage joue un rôle crucial. La culpabilisation, la minimisation des faits ainsi que toutes sortes de tabous (culturels, familiaux, etc.) représentent un frein considérable à l’engagement de poursuites et peuvent aller jusqu’à l’empêcher. Viennent s’ajouter le manque d’information des victimes sur les acteurs qui peuvent les accueillir, les soutenir et les orienter, ainsi que la crainte de franchir les portes du commissariat.
Chez les jeunes, les idées reçues sur la sexualité jouent un rôle considérable. Selon l’étude précitée, 23 % pensent que les femmes aiment être forcées, entre 38 % et 43 % pensent que les pulsions sexuelles masculines sont incontrôlables, plus d'un quart d’entre eux ont une vision biaisée du consentement (attitude, vêtements de la victime, consommation d’alcool ou autres substances, etc.). La liste est longue2.
Un premier pas, nécessaire, vient d’être fait et le cadre juridique belge3 accorde désormais une place centrale à la notion de consentement libre et éclairé, allégeant ainsi la charge de la preuve pour la victime. De plus, la création de centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) facilite incontestablement leur accès à la police et à la justice.
Pour importantes qu’elles soient, ces avancées ne peuvent venir à bout ni des préjugés, ni de la culture du viol, sans s’attaquer aux racines du mal. Ainsi, l’EVRAS doit devenir un impératif, et ce dès le plus jeune âge et de façon continuelle tout au long des études. Elle doit permettre aux jeunes d’aborder et de réfléchir aux questions liées au consentement, aux violences sexuelles, à l’égalité des genres, à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. En diffusant les informations nécessaires et en permettant la déconstruction des stéréotypes, l’EVRAS prend une part essentielle dans la lutte contre la culture du viol et celle contre les agressions sexuelles.
- Voir l'étude.
- Voir le sondage.
- Loi du 21 mars 2022 modifiant le Code pénal en ce qui concerne le droit pénal sexuel.