• Véronique Limère
    Véronique Limère
    présidente du Centre d'Action Laïque de la Province de Liège

Le mot de la présidente

Le concept de frac­ture numé­rique est-il disso­ciable de celui de frac­ture sociale ? Celui-ci ajoute une dimen­sion supplé­men­taire à la frac­ture sociale. C’est un méca­nisme qui conduit à de l’exclusion, mais compre­nant plusieurs dimen­sions inti­me­ment liées.

La première, qui touche à l’évidence, porte sur l’accès aux équi­pe­ments et à la connec­ti­vité, en lien avec les inéga­li­tés sociales et écono­miques entre groupes d’individus mais égale­ment entre les pays, en fonc­tion des infra­struc­tures numé­riques mises en place. On assiste à un clivage entre les connec­tés et les non connec­tés, inclus ou exclus des réseaux rela­tion­nels, de connais­sance, d’éducation… Nous voyons aussi émer­ger des diffé­rences entre les niveaux de connexion. Consul­ter un docu­ment volu­mi­neux avec un petit écran de télé­phone et une 4G qui dévore votre volume de surf mensuel… pas si simple ! La frac­ture numé­rique ne se réduit pas à l’accès pour tous à la tech­no­lo­gie, mais devient aussi quali­ta­tive ! L’évolution tech­no­lo­gique ne permet­tra pas de combler ces écarts. Au mieux, espé­rons qu’elle ne les ampli­fie pas. L’accès aux tech­no­lo­gies de l'information et de la commu­ni­ca­tion (TIC) devrait dès lors pouvoir être consi­déré comme d’utilité publique, comme l’électricité, l’eau, etc. Les auto­ri­tés ont ici un rôle impor­tant à jouer.

Ensuite, ce sont les usages de ces outils qui créent égale­ment de la diffé­rence. Pour un même niveau d’équipement, les usages de ces tech­no­lo­gies sont divers : récréa­tifs, profes­sion­nels, éduca­tifs, civiques, etc. Il est primor­dial de varier les utili­sa­tions de la tech­no­lo­gie pour profi­ter plei­ne­ment de ses atouts car les compé­tences infor­ma­tiques néces­saires à la vie en société augmentent. L’accès aux services publics, bancaires, de santé, etc. devient de plus en plus numé­rique. Mais d’autres frac­tures inter­viennent ici, par exemple celles liées à la maîtrise de la langue écrite et liées à la langue de la majo­rité des conte­nus, l’anglais.

Enfin, une société basée sur la connais­sance et sur l’abondance de celle-ci néces­site des proces­sus d’apprentissage diffé­rents et déve­loppe une dépen­dance à l’accès et à l’utilisation des TIC. L’objectif de l’éducation n’est plus simple­ment l’apprentissage de connais­sances mais l’obtention, le trai­te­ment et le tri des infor­ma­tions dispo­nibles. Les inéga­li­tés portent ici sur la capa­cité d’utiliser effi­ca­ce­ment les TIC. Le numé­rique met en lumière les dispa­ri­tés de niveaux d’éducation et de connaissance.

Dans une société où la digi­ta­li­sa­tion est omni­pré­sente, la laïcité défend le main­tien de l'accessibilité aux services publics, qui est un droit fonda­men­tal, pour chacune et chacun quelles que soient ses compé­tences et sa situa­tion de vie.

Être laïque, cela se traduit aussi par des initia­tives en faveur de l'égalité au sens le plus large. L’accès au numé­rique pour tous, avec un niveau de qualité accep­table, est un objec­tif à pour­suivre et à amplifier !

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