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Evelyne Daniel,
CAL Soumagne
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Phil Servais,
CAL Herve et Fléron-Beyne
la Fête de l’Envol : Le grand brol
Les Comités de Soumagne, Herve et Fléron-Beyne ont profité du temps de pause (imposé par la crise sanitaire) pour faire d'une contrainte une opportunité. Ils se lancent sur les routes d'un nouveau concept. Aucun compromis sur le fond, mais une proposition d'une nouvelle forme tant dans la temporalité que dans le nom : La Fête de l'Envol.
Un concept en devenir, un stage de huit jours sur la base de la création collective autour des arts de la scène et une fête dans la foulée. Le tout pendant les « grandes vacances » un moment symbolique, car c'est le temps charnière entre la « petite » et la « grande » école, entre l’enfance et l’adolescence.
La 11 juillet dernier, au centre culturel de Soumagne, 13 jeunes nous ont invités à prendre part à un « Grand Brol », titre de la Fête de l’Envol, à partir d’une relecture des Animaux malades de la peste de Jean de la Fontaine.
L’on est invité à se déplacer dans l’ambiance de différentes salles, au cours d’un spectacle ponctué de scènes et de chansons : les jeunes partagent les souhaits, valeurs et espoirs qui les animent pour le futur. Du refus de la misère et la guerre, des valeurs du vivre ensemble, de la solidarité, de la tolérance… le tout accompagné en musique par l’accordéon de Maurice Blanchy et les percussions de Philippe Vervloet et mis en scène par Carolin Bosselaers.
Rencontre avec Évelyne Daniel et Phil Servais (pour les CAL de Soumagne, Herve et Fléron-Beyne), qui ont accompagné les jeunes dans la création de cette première édition.
Evelyne Daniel
Phil Servais
une Fête pour et avec les jeunes en chemin vers l’adolescence
Salut & Fraternité : Pouvez-vous nous expliquer la réflexion autour de ce nouveau concept de Fête de l’Envol ?
Evelyne Daniel : Il se fait qu’avec la covid, on n’a pas pu faire la Fête Laique de la Jeunesse (FLJ) en 2020, ce qui nous a amenés à réfléchir. Cette crise nous a obligés à nous réinventer, on s’est repositionnés, on ne savait pas jusqu’à très tardivement si nous pourrions la faire, en raison des mesures sanitaires. Cette réflexion de fête civile, de rituel de passage, se base aussi sur le constat que, malgré notre investissement dans la FLJ, nous constatons que nous avons peu d’enfants qui participent. La question est donc : pourquoi ? Nous ne sommes pas les seuls, car les communions en ont peu également. Ce qu’on propose ne correspond peut-être pas à ce que l’enfant voudrait, à ce qu’il espère ou bien à cette époque ? La manière dont on a fait la FJL a eu tout son sens à une époque, mais aujourd’hui, nous pensons qu’il y a une forme d’anachronisme dans le concept. Donc on a réfléchi, on propose un nouveau « nom », qui n’aurait pas de connotation philosophique : on sait que le mot laïcité revêt beaucoup de conceptions différentes pour les gens, on parle d’ailleurs aussi de neutralité. Ce qui était important c’est de comprendre dans le nom que l’enfant grandit, qu’il est à une étape de vie qui va le « transformer », on a donc réfléchi au sein des comités et le mot « envol » nous a semblé en lien avec la transformation, la chrysalide, le papillon, qui sera d’ailleurs le logo (de la future asbl que nous allons créer).
S&F : Quel est le public visé par la Fête de l’Envol ? Quelles activités sont proposées ?
E.D. : La date de la Fête de l’Envol a été décalée à juillet en raison des contraintes sanitaires et donc l’idée de faire un stage d’été est apparue. Nous avons décidé d’ouvrir aux enfants et jeunes entre 11 et 15 ans, en sortant de la période des communions (mai), afin de permettre au plus grand nombre de participer.
Phil Servais : On veut être inclusifs, pas exclusifs. Donc, on accepte tous les jeunes.
E.D. : L’important c’est de travailler sur le fond, sur les valeurs, l’intérêt est de ne pas toucher au sens, à la forme, à la temporalité. On réfléchit, on se pose des questions avec les jeunes.
On réalisait déjà un stage de théâtre depuis de nombreuses années pour préparer la FLJ avec les jeunes, ici on propose la Fête de l’Envol dans la foulée du stage, début juillet. Cette idée évolue pour le futur : faire un stage d’été, fin juillet-début août, puis la Fête de l’Envol, nous la testerons l’année prochaine en vue d’évaluer si cela est pertinent. L’idée d’une fête de famille, un grand barbecue, pourrait également être proposée en clôture du stage.
P.S. : Nous voyons poindre deux difficultés pour le futur : d’abord, les modifications au niveau des congés scolaires. Ensuite, notre investissement est important avec les jeunes pendant 8 à 10 jours puis au cours de la fête, ce sont des moments très intenses que nous vivons avec les jeunes et puis cela se termine dès que la fête est passée. Or, c’est comme si on « perdait » les jeunes ensuite, ce qui est un peu frustrant.
E.D. : D’où l’idée d’un barbecue, avec les parents, dans un esprit de famille, pas pour faire du prosélytisme, mais pour les fédérer à cette idée de vivre ensemble. Ici, en contexte covid, on était obligés d’installer les gens par table et par bulles. Notre souhait est de faire en sorte que les gens fassent connaissance et se mélangent, échangent, bref qu’il y ait du lien social autour de cela et de l’intergénérationnel. Aujourd’hui, il n’y avait que 7 enfants fêtés, mais ils étaient 13 jeunes à participer au spectacle. Les 6 restants, ce sont les « anciens », ce sont eux qui coachent les plus jeunes, dans un esprit de transmission.
P.S. : Au cours du stage, tout n’est qu’expression artistique, ils chantent, ils dansent, ils dessinent, préparent les décors et l’ensemble de la fête. Ce n’est pas pour en faire des artistes, mais ces activités leur permettent de s’ouvrir, ils apprennent à s’exprimer, et surtout à montrer le résultat de ce qu’ils ont fait et c’est le plus difficile dans ce qui est artistique. Cela ouvre les jeunes… Au cours de nos réunions préparatoires au sein du comité, on écrit à partir d’un sujet, la trame du spectacle : or, cette année, le sujet est resté comme on se l’était imaginé, mais la structure, la mise en scène, a été bouleversée pendant le stage, avec les créations et idées des jeunes. On est là pour les encadrer et leur donner une place favorable à la création.
E.D. : On va voir ce que ce concept donne dans le futur, en tout cas on devait se questionner, car on ne peut pas faire semblant de ne pas voir ce qu’il se passe. On est en devoir de se questionner sur le pourquoi les FLJ ne fonctionnent plus. Ici on essaye quelque chose, et si ça ne prend pas et bien peut-être que l’on se sera trompé, mais au moins on aura essayé quelque chose. Les enfants ont le droit au meilleur, donc on essaye de leur donner le meilleur de ce qu’on est. Eux construiront avec le terreau qu’on leur a donné, et ils vont le nourrir.
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