• Hervé Parmentier
    Hervé Parmentier
    directeur de la communication et de la cellule Europe et International du Centre d’Action Laïque

Santé de tous, santé pour tous pour penser demain

Chaque année, le Centre d’Action Laïque lance une campagne d’éducation perma­nente desti­née à éveiller l’attention, susci­ter le débat et émettre des propo­si­tions sur un enjeu de société particulier.

C’est ainsi qu’en 2020, la campagne Égaux, ensemble a tenté de montrer à quel point certains publics plus vulné­rables ont vu leurs diffi­cul­tés ampli­fiées par la crise sanitaire.

La réflexion se pour­suit en 2021 avec une campagne inti­tu­lée Santé de tous, santé pour tous. Certes, l’importance de la santé pour le mouve­ment laïque n’est pas une nouveauté. Qu’il s’agisse de santé sexuelle et repro­duc­tive, de début et de fin de vie, ou plus géné­ra­le­ment de l’accès à des soins abor­dables et de qualité, la santé condi­tionne notre capa­cité à vivre digne­ment. Le mouve­ment laïque s’est toujours mobi­lisé pour étendre le droit à la santé et en assu­rer un accès à tous, de façon impar­tiale et sans discri­mi­na­tion. Mais le contexte de la pandé­mie ouvre de vastes champs de réflexion auxquelles la laïcité peut contribuer.

Cette nouvelle campagne du Centre d’Action Laïque prend pour point de départ la santé circu­laire (One Health), concept qui met en évidence les inter­ac­tions cruel­le­ment illus­trées avec la pandé­mie de coro­na­vi­rus entre la santé animale, la santé humaine et la santé de la planète. Il s’agit d’envisager de façon multi­dis­ci­pli­naire, décloi­son­nant les savoirs, les options du futur sur le plan sani­taire et de ques­tion­ner, à partir des valeurs laïques, les pro posi­tions que scien­ti­fiques et poli­tiques mettent sur la table.

Plusieurs facteurs expliquent le choix de cette thématique.

D’abord, dans une approche libre-exami­niste, le Centre d’Action Laïque entend favo­ri­ser l’appropriation de connais­sances nouvelles par les citoyens. Le savoir est une condi­tion d’émancipation indi­vi­duelle mais aussi un moyen de lutte contre les popu­lismes qui, se repais­sant de pseudo-sciences et de fake news, alimentent les peurs. Éveiller aux enjeux de la santé circu­laire, c’est faire le pari de l’intelligence humaine et mettre les citoyens en mesure de déci­der pour eux-mêmes. En effet, la complexité de la crise sani­taire peut à la fois géné­rer un senti­ment d’impuissance citoyenne, entre injonc­tions poli­tiques et scien­ti­fiques parfois contra­dic­toires, et une culpa­bi­li­sa­tion effa­rante des citoyens (« si vous n’êtes pas sages, les mesures seront prolon­gées »). Il s’agit donc d’aider à remo­bi­li­ser la capa­cité d’action citoyenne, en réha­bi­li­tant la pensée critique et la pratique du libre-examen.

Le mouve­ment laïque s’est toujours mobi­lisé pour étendre le droit à la santé et en assu­rer un accès à tous (…)

Ensuite, les moyens de lutter contre les pandé­mies mettent en branle des modes de pensée complexes, faisant inter­agir des larges quan­ti­tés de données pour le trai­te­ment desquelles l’intelligence arti­fi­cielle joue un rôle essen­tiel. Un débat éthique doit inévi­ta­ble­ment accom­pa­gner ce chan­ge­ment de para­digme, fixant des balises claires de ce qui est accep­table au regard des impé­ra­tifs que sont le respect de la vie privée dans l’utilisation des données person­nelles, l’état de droit ou de façon géné­rale les droits et liber­tés fonda­men­tales. La loi « pandé­mie » fédé­rale ne solu­tionne pas ces impor­tantes ques­tions : elle s’apparente davan­tage à un habillage juri­dique des mesures prises depuis l’émergence du coro­na­vi­rus. Plutôt qu’opposer les impé­ra­tifs de sécu­rité sani­taire et les droits fonda­men­taux, il importe de pour­suivre le travail afin de parve­nir à décli­ner des mesures qui reposent sur les droits fonda­men­taux. Ajou­tons que dans cette réflexion, le respect des exigences démo­cra­tiques passe autant par la qualité intrin­sèque des mesures que par la manière avec laquelle elles sont adop­tées. À cet égard, la parti­ci­pa­tion citoyenne et le plein respect des procé­dures démo­cra­tiques, en ce compris le contrôle parle­men­taire et juri­dic­tion­nel, sont essentiels.

La nouvelle campagne du Centre d’Action Laïque prend comme point de départ le concept de santé circu­laire. Une façon d’envisager ce domaine sous des angles multi­dis­ci­pli­naire et multifactoriel.

Enfin, prendre le temps de mettre en pers­pec­tive ce que cette crise dit de notre façon de vivre au moment où elle s’est déclen­chée, prendre le temps de penser et débattre de la manière avec laquelle nous avons traversé cette crise permet d’envisager notre futur autre­ment. Ce fameux « monde d’après » que beau­coup appe­laient de leurs vœux semble aujourd’hui illu­soire, masqué derrière un bien compré­hen­sible empres­se­ment à retrou­ver nos habi­tudes d’antan. Et pour­tant, nous devons tirer les leçons de la crise car d’autres pandé­mies s’annoncent. Elles ne peuvent faire recu­ler davan­tage notre projet d’un monde plus libre, plus juste et plus fraternel.

Ce sera le troi­sième temps de la réflexion, celui de la mise à jour de notre logi­ciel laïque lors de la conven­tion statu­taire que le mouve­ment laïque tien­dra en 2022.

Santé de tous, santé pour tous

Le Centre d’Action Laïque vous propose un cycle de réflexion globale sur la théma­tique de la santé circu­laire. L’objectif est d’envisager de façon multi­dis­ci­pli­naire, en décloi­son­nant les savoirs, les options du futur sur le plan sani­taire et de ques­tion­ner, à partir des valeurs laïques, les propo­si­tions que scien­ti­fiques et poli­tiques mettent sur la table.

Ce cycle de réflexion conjugue colloques et confé­rences afin de dres­ser les bilans, les constats et les pers­pec­tives, en mêlant étroi­te­ment la voix des citoyens, les initia­tives de terrain dont celles du mouve­ment laïque et celles des experts et des scientifiques.
Tout ce cycle vise égale­ment, dans une approche libre-exami­niste, l’appropriation de connais­sances nouvelles par les citoyens. Le savoir est une condi­tion d’émancipation indi­vi­duelle mais aussi un moyen de lutte contre les popu­lismes qui, se repais­sant de pseudo-sciences et de fake news, alimentent les peurs.

Retrou­vez les ressources et programme complet sur le site de la campagne

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