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Pierre Sasse,
membre du collectif La Santé en Lutte
Pour un système de soins de santé fort et financé
Ces dernières semaines, nous avons pu observer que l’épidémie de covid 19 a aggravé la situation tendue déjà existante dans les soins de santé. Le manque d’effectifs, l’épuisement et le manque de matériel dans les hôpitaux et les maisons de repos ne sont pas des problèmes nouveaux. Si la crise sanitaire les a rendus insoutenables, ils n’en étaient pas pour le moins déjà invivables. En cause : le sous-financement chronique des soins de santé. Depuis des années, il faut faire des économies. Beaucoup de secteurs en ont pâti et au final, ce sont toujours les patientes et les patients qui perdent.
Pour exemples, la diminution du remboursement de certains médicaments et de la mammographie, l’augmentation du ticket modérateur des spécialistes, la diminution du temps d’hospitalisation après accouchement, les dialyses et antibiothérapies à domicile, sont autant de mesures qui impacteront le portefeuille et la santé des patients.
Les métiers de la santé les moins valorisés (personnes aides-soignantes ; techniciennes ; infirmières, etc.) paient ce sous-financement au travers de réduction d’effectifs, de bas salaires et de pratiques de « lean management »2. Leur travail est essentiel et ne devrait jamais être mis sous pression sous peine d’y perdre sa qualité et son humanité. En maison de repos, le personnel se démène pour continuer à traiter nos aînés dans la dignité. En hôpital, les soignants ne parviennent plus à donner une minute d’humanité aux patients. Les soignants souffrent et les patients paient les pots cassés.
Le rapport de performance du système de santé belge du KCE (NDLR : Centre fédéral d’expertise des soins de santé) démontre que la Belgique a encore de grands progrès à faire, par exemple en termes de prise en charge de troubles de la santé mentale ou d’accès aux soins pour les familles les plus démunies. En sous-finançant le système de soins, aucune amélioration n’est possible sur ces points.
Comme nous l’a rappelé l’épidémie de covid 19, soigner, c’est également prévoir : un surplus d’effectifs mobilisables, des plans d’urgence et du matériel en suffisance (de protection, des outils médicaux, des médicaments, …). À force d’économie, il n’y avait pas suffisamment de matériel (masques, gants, respirateurs, blouses, …), le personnel était déjà épuisé avant la crise et il a fallu faire appel à des volontaires non qualifiés dans les maisons de repos. Pire, le gouvernement a osé imposer la réquisition des soignants déjà mobilisés à coup d’arrêtés royaux (retirés à ce jour).
Si l’objectif est d’offrir des soins humains et de qualité pour tous, de créer des projets visant à améliorer notre système de soins et de se préparer aux prochaines crises sanitaires, un financement pérenne du système de santé est indispensable.
Nous manifesterons le 13 septembre pour ce financement pérenne, rejoignez-nous !
- RTBF : Soins de santé à la diète : tout ce qui change en 2015, et pour qui.
- Système de management qui vise à améliorer la qualité et à rentabiliser une entreprise en évitant au maximum le gaspillage de ses ressources.