• Jacqueline Slepsow
    Jacqueline Slepsow
    coordinatrice du service Droits humains

La DUDH et le CAL Province de Liège : toute une histoire !

DUDH

Article

Si selon l’Association pour les Nations Unies la Décla­ra­tion univer­selle des droits de l’homme (DUDH) est la plus belle décla­ra­tion d’amour du XXe siècle, c’est aussi pour le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège une histoire d’amour qui dure. Elle s’est concré­ti­sée dès les années 1990 avec la mise en place d’un service spéci­fi­que­ment dévolu à l’éducation aux droits humains et aux valeurs procla­mées dans cette décla­ra­tion. La laïcité étant indis­so­ciable des valeurs de liberté, d’égalité, de soli­da­rité, notre asso­cia­tion a fait de ces valeurs le moteur de ses actions, et de la DUDH une réfé­rence incontournable.


Au fil des années, de nombreuses acti­vi­tés d’éducation aux droits humains ont été conçues et propo­sées pour des publics très diver­si­fiés, mettant en œuvre à chaque fois une péda­go­gie de la conscien­ti­sa­tion, de la respon­sa­bi­lité et de l’engagement.

Le premier projet d’éducation aux droits humains d’une certaine ampleur a été orga­nisé dès 1991, en milieu scolaire. Inti­tulé Itiné­raire des droits de l’homme, il a, durant deux ans, sensi­bi­lisé une dizaine de classes du secon­daire aux divers aspects des droits humains et contri­bué à éveiller en eux esprit critique et conscience citoyenne. Pour l’une des classes parti­ci­pantes au moins, ce projet a débou­ché sur une réali­sa­tion concrète qui a consti­tué une initia­tion marquante au proces­sus démo­cra­tique, avec des réper­cus­sions directes sur la vie scolaire, mais aussi sur la percep­tion que ces jeunes avaient d’eux-mêmes. Une belle fierté pour des élèves habi­tuel­le­ment peu valo­ri­sés et le plus beau des encou­ra­ge­ments pour nous ! Ce projet s’est égale­ment clôturé par la première édition des 8h pour les Droits de l’Homme qui ont rassem­blé un public nombreux autour d’une tren­taine d’associations. Celui-ci avait à la fois mis en évidence la variété de ce qui était fait et accom­pli au quoti­dien pour soute­nir le combat en faveur des droits humains et propo­ser un programme riche d’activités desti­nées à susci­ter échanges et ques­tion­ne­ments. Ces deux projets ont été réédi­tés à de nombreuses reprises, ce qui aura permis de sensi­bi­li­ser plusieurs milliers de jeunes et de nous consti­tuer au fil du temps un solide réseau de parte­naires associatifs.

La DUDH est effec­ti­ve­ment une belle décla­ra­tion d’amour à l’humanité, et elle gagne­rait à être mieux connue et comprise. Elle rappelle que l’épanouissement de l’être humain passe par la liberté de choix et l’égalité en dignité et en droits.

Nous avons égale­ment proposé de nombreuses quin­zaines théma­tiques, orga­ni­sées géné­ra­le­ment autour d’une expo­si­tion accom­pa­gnée d’activités « satel­lites » diverses (anima­tions, spec­tacles, confé­rences, cafés litté­raires) centrées sur des droits caté­go­riels (droits de l’enfant, droits des femmes…) ou sur un droit parti­cu­lier. Dans ce cadre, nous avons suscité la réflexion et le débat notam­ment sur les violences faites aux femmes, les discri­mi­na­tions (sexisme, racisme, homo­pho­bie), la liberté d’expression, la liberté de circu­ler, le droit d’asile, la (non)violence, la citoyen­neté, la peine de mort, à travers des anima­tions assu­rées dans une pers­pec­tive libre-exami­niste. Nous les avons toujours voulues inter­ac­tives, s’appuyant sur le vécu et les repré­sen­ta­tions des parti­ci­pants et utili­sant une péda­go­gie cohé­rente avec l’esprit des droits de l’homme.

Si presque tout le monde s’accorde aujourd’hui pour recon­naître la néces­sité de l’éducation aux droits humains et ce dès le plus jeune âge parce qu’elle joue un rôle fonda­men­tal comme vecteur d’émancipation et dans le déve­lop­pe­ment et l’adhésion aux valeurs démo­cra­tiques, il faut malheu­reu­se­ment consta­ter que cette éduca­tion n’occupe que peu de place au sein des programmes scolaires.

À l’occasion des acti­vi­tés du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège,
de nombreux jeunes ont été sensi­bi­li­sés aux droits humains.

C’est la raison pour laquelle nous assu­rons depuis une quin­zaine d’années des forma­tions en éduca­tion aux droits humains et aux droits de l’enfant pour ensei­gnants et futurs ensei­gnants qui sont depuis quelques années recon­nues par l’Union des Villes et Communes belges (UVCB) au titre de forma­tion conti­nuée des ensei­gnants. Ces forma­tions, réité­rées à une dizaine de reprises, ont permis aux ensei­gnants, par le biais d’une péda­go­gie coopé­ra­tive, d’aborder et d’expérimenter des méthodes ludiques et origi­nales pour mettre la DUDH et la Conven­tion inter­na­tio­nale des Droits de l’Enfant (CIDE) à la portée de leurs élèves, mais aussi de réflé­chir aux moyens à mettre en œuvre pour rendre l’école plus démo­cra­tique. Les échanges de pratiques et d’expérience qui eurent lieu dans ce cadre se révé­lèrent riches en enseignements.

Nous avons égale­ment réalisé quelques outils péda­go­giques et expo­si­tions, telles que Incur­sions dans une Décla­ra­tion dont la nouvelle version sera diffu­sée à La Cité Miroir de janvier à mars 2018. Cette expo­si­tion a pour objec­tif prin­ci­pal de faire mieux connaître et comprendre le sens, le contenu et la portée de cette Décla­ra­tion dont tout le monde a entendu parler, mais que peu de personnes ont lue. Elle propose une analyse critique et chro­no­lo­gique des diffé­rents articles de la DUDH, qui vise à mettre en évidence à la fois la complexité des droits de l’homme et le déca­lage exis­tant entre l’idéal proclamé et la réalité.

La DUDH est effec­ti­ve­ment une belle décla­ra­tion d’amour à l’humanité, et elle gagne­rait à être mieux connue et comprise. Elle rappelle que l’épanouissement de l’être humain passe par la liberté de choix et l’égalité en dignité et en droits. Des valeurs chères à la laïcité qui valent bien quelques combats.


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