Et le jour d’après ? Pour un « CoronaReset »

De la part d’un groupe de citoyens issu de la société civile et de la sphère cultu­relle, de citoyens actifs dans une volonté de chan­ger ce monde pour que ce saut de para­digme tant espéré voie le jour, pour qu’après cette crise sani­taire mondiale, on ne nous resserve pas la même soupe, deve­nue imbu­vable.

Mesdames et messieurs les diri­geants et tous ceux qui ont du pouvoir dans ce monde, chères citoyennes et chers citoyens,

Croyez-vous vrai­ment que nous vivrons comme avant, le jour d’après ? Croyez-vous vrai­ment que nous accep­te­rons encore d’être ces serviles citoyens suiveurs d’un monde où l’on nous a vendu une crois­sance soi-disant infi­nie comme modèle de société, avec le capi­ta­lisme finan­cier comme adju­dant, la consom­ma­tion et les plai­sirs immé­diats comme corol­laires ? Du pain et des jeux en somme. Vieux comme l’histoire !

Croyez-vous vrai­ment qu’après avoir perdu certains de nos proches ou de nos conci­toyens, nous aurons encore envie de cette vie où nous passons parfois plus de temps sur les routes pour aller travailler, qu’auprès de nos enfants et nos proches ?

Croyez-vous vrai­ment que nous aurons encore envie de consom­mer cette nour­ri­ture bour­rée d’additifs, de pesti­cides et autres molé­cules néfastes pour notre orga­nisme, comme le montrent régu­liè­re­ment les échan­tillons sanguins récol­tés pour des analyses qui donnent froid dans le dos en termes de substances toxiques que nous n’aurions jamais dû ingé­rer ?

Croyez-vous vrai­ment que nous allons encore accep­ter cette destruc­tion massive de notre envi­ron­ne­ment – notre maison – et de la biodi­ver­sité, source de vie pour notre planète et pour nous ?

Croyez-vous vrai­ment que nous accep­te­rons encore ces écarts de richesse indé­cents, dignes des meilleurs livres de Zola, écrits à un autre siècle ?

Nous sommes certains, gens de pouvoir, que vous pensez déjà à l’après : comment rebon­dir ou acti­ver notre rési­lience, pour utili­ser un voca­bu­laire à la mode. Et bien, c’est l’occasion rêvée pour rebon­dir autre­ment, pour faire mieux, pour nous créer un monde plus juste, où les rela­tions humaines auront repris une place plus impor­tante que celle des tran­sac­tions finan­cières et des divi­dendes à distri­buer à une mino­rité, un monde où le travail sera mieux réparti afin que la moitié de l’humanité ne trime pas jusqu’à l’essoufflement, au détri­ment de sa qualité de vie, tandis que l’autre moitié vit dans la misère faute d’avoir accès à ce Graal de boulot. Un monde qui respec­tera toute l’humanité, animaux et écosys­tèmes compris. Un monde où notre être pourra se construire autre­ment, avec ses dimen­sions multiples et non plus confiné à celle, unique, de produc­teur de richesses écono­miques.

Nous n’osons pas imagi­ner ce qui risque de se passer si nous demeu­rons figés sur des modèles écono­miques iden­tiques, alors que les Etats vont dépen­ser des budgets colos­saux pour gérer cette crise sani­taire. Quelles dettes pèse­ront sur nos pays, si nous conser­vons les mêmes méca­niques écono­miques ? Allez-vous annu­ler ces dettes ? Celles des pays afri­cains aussi ? Ou allez-vous à nouveau prôner l’austérité pour tout rembour­ser, alors que la crise de 2008 a démon­tré que cela ne fonc­tionne pas et que cela accen­tue encore la dispa­rité sociale et les dange­reux clivages au sein de nos socié­tés ?

Il s’agit d’une demande a‑partisane, et a‑dogmatique. Une réflexion simple et basée sur le bon sens, car pour résis­ter, nous avons aussi besoin d’espérer. Et cet espoir ne réside pas en un retour vers l’état préexis­tant de nos socié­tés, mais dans celui d’un saut de para­digme que telle­ment de philo­sophes, écono­mistes, écologues, socio­logues, appellent de leurs vœux depuis des années. La crise sani­taire sera diffi­cile à gérer, mais elle devra l’être au même titre que les crises sociales et envi­ron­ne­men­tales.

Et si ce ressenti nous est venu après une semaine de confi­ne­ment imagi­nez seule­ment après quelques semaines !

Nous sommes convain­cus qu’il faudra asso­cier les citoyens et les acteurs de la société civile à ce chan­ge­ment, et ce, d’une manière inédite. Qu’il faudra imagi­ner avec eux, avec nous, les moyens d’en faire les réelles parties prenantes d’un proces­sus large et dont l’ouverture se justi­fie par le carac­tère excep­tion­nel du moment. La démo­cra­tie, elle aussi, devra se réin­ven­ter.

Alors, ces semaines-là, mettez-les à profit pour nous prépa­rer un autre monde. C’est le moment et c’est abso­lu­ment néces­saire. Il y a des rendez-vous avec l’histoire où il faut le courage de prendre de grandes déci­sions. A bon entendeur…

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Publié le 30/04/20